miércoles, 3 de diciembre de 2008

Nunca imaginaron tal movilización

Entrevista del 6N por el diario La Provence:

- Comment s'est déroulée votre arrestation ?
Santos Mirasierra : De manière brutale. On m'a sorti du bus en me tirant par les cheveux, en m'insultant et en me menottant violemment. Elles étaient très serrées. Puis, dans l'ascenseur du commissariat, à l'abri des caméras, on m'a asséné plusieurs coups aux côtes.

- Avez-vous rencontré le juge depuis votre incarcération ?
S. M. : Non. Je l'ai juste vu le jour de ma déposition. Il m'a à peine écouté.

- Dans quel état vous trouvez-vous ?
S. M. : Je garde le moral, même si parfois j'ai de petits passages à vide. Mais je dois rester fort face à cette injustice.

- Dans quelles conditions se passe votre détention ?
S. M. : Bien. Ce n'est pas l'image négative des prisons vue dans les films, peut-être aussi parce que je suis passé dans des prisons modernes (avec douche, toilettes et télé dans ma cellule). Ça reste quand même une prison.

- Est-il vrai que vous êtes resté plusieurs semaines avec un bras en écharpe ?
S. M. : C'est exact. Après la charge de la police, certaines blessures sont apparues.

- Avez-vous passé des examens médicaux depuis votre incarcération ?
S. M. : Après mon arrestation et le passage au commissariat, j'ai pu être examiné et recevoir des soins : agrafe à la tête, piqûre antitétanique, soins de la main, du coude et de l'épaule.

- Êtes-vous bien traité ?
S. M. : Oui. Avec l'effet médiatique de mon affaire et les visites régulières de la Consule et de mon avocat, je pense avoir été pris en considération. Je n'ai aucun souci avec les autres détenus, même si, parfois, j'ai droit à quelques piques des gardiens. Ils représentent une minorité, mais ça me fait rire.

- Savez-vous pourquoi vous avez été transféré de Soto del Real à Estremera ?
S. M. : En raison de la surpopulation carcérale. L'ouverture de la prison d'Estremera permettait de désengorger un peu Soto del Real.

- La police espagnole détient une photo et un document vidéo où vous bousculez un policier. Pouvez-vous expliquer ce geste ?
S. M. : Oui, c'est vrai. Mais je ne l'ai jamais caché. Quand vous voyez une femme être matraquée jusqu'au sang pour rien, vous ne pouvez pas rester les mains liées sans rien faire.

- À Soto del Real, vous aviez changé de bloc en raison de la présence d'un supporter du Frente Atlético, condamné à 10 ans de prison pour meurtre. Le saviez-vous ?
S. M. : Oui, bien sûr. Aux yeux des autorités pénitentiaires, notre proximité était incompatible. Toutefois, nous nous sommes croisés au gymnase central, puis une fois dans mon bloc. Il n'y a jamais eu de problème.

- Comment sont organisées vos journées en prison ? Faites-vous du sport ? D'autres activités ?
S. M. : On est dans nos cellules de 20h à 8h et de 14 à 17 h. Je passe le reste du temps dans la salle ou la cour. Je profite pour faire un peu de musculation, du vélo statique et du foot, bien sûr. Sinon, je réponds au courrier que je reçois, déjà plus de 1000 lettres. Hélas, il m'est impossible de répondre à tous.

- Saviez-vous qu'une pétition a été lancée à Miramas pour être adressée au roi Juan Carlos?
S. M. : Non, je n'étais pas au courant de cette initiative, même si je sais que le maire de Miramas s'est beaucoup démené pour ma libération. Un rap a été écrit par un jeune auteur marseillais pour raconter votre histoire.

- En avez-vous pris connaissance ?
S. M. : Oui, c'est un ami de ma nièce, Laura. Beaucoup de personnes m'ont envoyé ses paroles.

- Quelle est la fréquence des visites du corps diplomatique français ? S. M. : Régulière. Elles étaient bihebdomadaires lorsque j'étais à Soto del Real ; il n'y en a plus qu'une par semaine depuis que je me trouve à Estremera, en raison de l'éloignement de Madrid. J'ai aussi des contacts réguliers avec mon avocat et ma famille.

- Souhaitez-vous transmettre un message aux habitants de Marseille et de sa région ?
S. M. : Je voudrais leur dire merci à tous pour leur soutien, leur mobilisation, dans cette lutte contre l'injustice qui n'est pas seulement la mienne. Et que, dans le futur, cela puisse servir à tous les ultras et supporters.

Je souhaiterais lancer un message concernant le match retour: montrons-leur qu'ils ont tort, que nous ne sommes pas les supporters violents qu'ils prétendent, mais des supporters qui encouragent et suivent leur équipe partout et toujours. ALLEZ L'OM !

- Sans connaître la durée de votre détention, vous sentez-vous assez fort pour affronter une épreuve plus longue ?
S. M. : Je ne crois pas, surtout que je suis innocent.

- Pensez-vous que le fait d'avoir un passeport espagnol a été un facteur important lors de votre détention sur le parking du stade Vicente-Calderon ?
S. M. : Je le pense, car ils savaient que j'avais un passeport espagnol. Mon arrestation est devenue plus facile pour la justice et cela a posé moins de problème au niveau diplomatique.

- Durant les premières semaines de votre détention, vous n'étiez pas autorisé à communiquer avec votre famille, ni par téléphone, ni par courrier. Comment avez-vous vécu cette période d'isolement ?
S. M. : Très difficilement. Je vis ma première incarcération et je ne pouvais ni donner de mes nouvelles, ni rassurer mes proches. Je me sentais très seul, même si les ultras du Rayo m'ont aidé.

- Selon vous, que pourrait-il être fait de plus en France afin de mobiliser les pouvoirs publics ?
S. M. : Le nécessaire a été accompli par Lucile, ma soeur, Séverine, ma compagne, les Ultras, mon groupe, l'OM, mon club, et les politiciens qui me soutiennent. Il faut juste que certaines personnes voient les choses en face et assument les erreurs d'autres.

- Pensez-vous être victime d'une justice trop sévère ?
S. M. : Je ne sais pas. J'étais un coupable idéal à leurs yeux, coupable d'être un Ultra. Ils ne devaient pas imaginer qu'il y aurait autant d'impact populaire et médiatique autour de ma détention.

- Comment avez-vous appris la décision du procureur qui réclame 8 ans de détention ?
S. M. : Très mal. Je l'ai d'abord apprise par la télé espagnole. Je n'en ai pas dormi, ni mangé pendant quelques jours. Mais Erlantz (ndlr : Ibarrondo-Merino, son avocat) a su me rassurer.

- Qu'en pensez-vous ?
S. M. : Ça m'a l'air disproportionné quand on voit que ces incidents sont survenus à cause de l'abus de pouvoir de certains, et de la "douteuse" déclaration d'une personne qui les a initiés. Il faut prouver tout ça aussi...

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